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mercredi 19 décembre 2012

L'Algerie les faits

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Algérie 1830-1962 les faits.



Aux Invalides, l'armée française a présenté ses 132 années de présence en terre algérienne. Sans condamner ni s'absoudre, mais sans rien omettre non plus.

Cinquante ans seulement après les Accords d'Evian, et alors que les législatives confirment à Alger un FLN toujourd maître du jeu politique, l'Armée expose aux Invalides une exposition de ses archives consacrée à sa présence en Algérie.

Bien qu'élaboré par un collectif d'historiens comme une synthèse des plus objectives.
Loin de toute visée hagiographique en tout cas, le rappel de ces 132 années souvent violentes et toujours injustes (puisque, dans l'Algérie devenue département français, le vote musulman n'a jamais eu le même poids que dans l'Hexagone) risque de réveiller bien des tensions. 

Au point, peut-être, de brouiller le message pédagogique. Pour parer à cet écueil, plusieurs précautions ont été prises.

D'abord celle de faire appel à Jacques Ferrandez, auteur de Carnets d'Orient, une bande dessinée en dix tomes sur une famille de futurs pieds-noirs.

Cette saga, fictionnelle, mais basée au plus près d'une réalité complexe et ambivalente, permet un résumé clair et sensible de toute la période. Un peu comme dans Les Chevaux du soleil, le roman de Jules Roy dont on retrouve ici des extraits de l'adaptation télévisée.


Car autrement, sans commentaire ou explication, sans la «recontextualisation» nécessaire, la casquette du père Bugeaud, le caftan d'Abd-el-Kader, la vareuse de Salan ou un drapeau rapiécé du FLN pourraient n'être que des reliques. D'un autre genre sont les documents (parfois tout juste déclassifiés!), les films et les photos. À jamais pièces à charge pour les bourreaux des deux bords.


Ferrandez a également travaillé avec les scénographes pour habiller les nombreux textes introductifs (en français, en anglais et en arabe) ce qui renforce la cohérence d'ensemble.

Le recours à la BD présente enfin l'avantage de la neutralité, les autres médias - de la peinture aux actualités filmées - ayant alors largement été utilisés à des fins de propagande comme on peut le mesurer au fil du parcours.

La deuxième précaution visant à désamorcer les polémiques a été de concevoir l'Algérie française comme un tout. «Revenir sur la conquête, c'est d'emblée mieux comprendre les drames et déchirements vécus au moment et après l'indépendance».

«Le Musée de l'armée ne prétend pas réconcilier. 

Mais il se doit de proposer le récit des faits sans rien occulter.»

Rien? Les souvenirs sont encore très douloureux et les horreurs très présentes. 
 
Les questions comme la torture ou le sort des harkis sont abordées mais «sans s'appesantir avec complaisance au risque de blesser inutilement. Nous laissons la parole à des témoins de tous bords.

Simplement nous leur avons posé strictement les mêmes questions».
Elles sont d'ordre général. Ils y répondent dans des vidéos. Les écrans sont placés côte à côte. Certains verront dans cette stricte égalité de traitement de l'impartialité, une marque de courage.

D'autres dénonceront un renvoi dos à dos, une forme de lâcheté. 

Au moins le temps des mots a succédé au temps des coups.



1 commentaire:

  1. Pourquoi ne pas offrir cette exposition remarquable au peuple algériens qui le compléterait de leurs propres archives

    David

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