Leur
petite fête nationale
C’est
le marronnier des
Capitalo-libéraux
Débridés.
qu’ils
ont eux-mêmes créée,
et
dont
ils se repaissent jusqu’au
ridicule.
Comme
chaque année en été, un pseudo institut
économique, relayé en
exclusivité par la presse
de droite, célèbre ainsi «le jour de la
libération
fiscale», date censée illustrer de façon
symbolique le
moment de l’année où le
contribuable français cesse de
«travailler pour l’Etat».
Et
où il peut enfin disposer pleinement de ses
revenus. Concrètement,
la date est déterminée
en prenant en compte le taux d’imposition
d’un
salarié moyen (57%), et en reportant ce
pourcentage au
calendrier annuel.
Un
concept où la manipulation idéologique le
dispute à la
malhonnêteté méthodologique.
L’Hexagone, surtout, serait très mal classé par rapport à ses voisins, notre «libération» intervenant au deuxième moment le plus tardif de l’année, une semaine seulement avant la Belgique (6 août). Viennent ensuite, et donc avant nous, la Grèce (14 juillet), l’Allemagne (10 juillet), l’Italie (2 juillet), ou encore les Pays-Bas (18 juin).
Parmi les pays «libérés» le plus tôt : Chypre (31 mars), l’Irlande (28 avril), et le Royaume-Uni (9 mai).
Première chose : l’institut prend comme référence l’imposition du salaire moyen, qui inclut donc à la fois celui du smicard et du millionnaire… Une moyenne très malvenue en cette matière, où le niveau d’imposition dépend fortement du montant et de la nature des ressources.
L’institut, surtout, inclut des prélèvements comme l’impôt sur le revenu, les cotisations salariales ou encore la TVA, mais aussi… les cotisations patronales.
Ce qui fait évidemment bondir le taux d’imposition.
Un choix qui ne doit rien au hasard : en effet, si l’institut, en toute logique, avait exclu les cotisations patronales, la France serait mieux classée de six places.
Le Français serait ainsi «libéré» avant des pays comme l’Autriche, la Hongrie, les Pays-Bas, et surtout l’Allemagne.
De quoi mettre à mal la thèse du «fardeau» fiscal pesant sur nos compatriotes, et défendue tout au long du document.
Troisième problème: la question de la comparaison internationale des taux de prélèvements obligatoires, que tous les économistes sérieux jugent de plus en plus délicate à opérer.
Car n’entrent pas en compte dans cet indicateur les contributions acquittées par les ménages aux instituts privés de sécurité sociale, comme pour la retraite par capitalisation en Allemagne.
Ce que l’institut, enfin, oublie de préciser, c’est que si le taux de prélèvements obligatoires, selon les critères de cette étude, est de 57% en France, il n’est plus que de 17% après transferts entre les différents agents économiques.
Un chiffre stable depuis plus d’un demi-siècle. Autrement dit, la très grande majorité des prélèvements est immédiatement réinjectée dans l’économie, sous forme de subventions aux entreprises, mais aussi d’aides sociales revenant directement dans le revenu disponible des ménages. Il était donc totalement faux de dire, comme le souligne cette étude, que le pouvoir d'achat «réel» des ménages débute après la libération fiscale.
Bref, l’accumulation des énormités méthodologiques et des conclusions qui en sont tirées confinent de fait cette étude à de la mauvaise propagande libérale.
Et son relais, sans recul, par certains organes de presse, à un publi-communiqué à peine déguisé.
Un mauvais service rendu au libéralisme qui, quoi qu’on en pense, mériterait, pour le sérieux de ses thèses, des défenseurs moins fantaisistes.