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mercredi 28 mai 2014

MERKEL AU PIED DU NOUVEAU MUR DE BERLIN




Le scrutin européen 

 

et la situation économique


 de EU

 
sanctionnent l'échec 


de la politique

 
d'austerité de Merkel
 


La poussée du FN en France interpelle 


Angela Merkel


Merkel impose Juncker comme candidat du PPE
 

aux Européennes


La croissance allemande atteint 


son plus haut niveau depuis


3 ans au premier trimestre



Croissance : les illusions perdues 


de la zone euro



Ceux qui pensent qu'Angela Merkel a « gagné » les élections 

européennes

pourraient se tromper lourdement. 




Bien sûr, les apparences sont en faveur de cette analyse.

Sa coalition a été confirmée en Allemagne par le scrutin et son candidat Jean-Claude Juncker, imposé par Berlin au reste du PPE en mars dernier, a conservé une avance confortable sur les Sociaux-démocrates.

Au parlement européen, la politique européenne actuelle dispose toujours d'une majorité assurée. Surtout, au Conseil, Angela Merkel est plus que jamais dominante après l'affaiblissement de François Hollande.

Autrement dit, en théorie, tout pourrait continuer comme avant.

C'est, du reste, la ligne défendue lundi par la CDU, le parti de la chancelière, qui a demandé à la France « d'accélérer les réformes. »

Pourtant, le bilan de la stratégie européenne d'Angela Merkel apparaît, lorsqu'on y regarde de près, désastreux.

Et le plus inquiétant, c'est que la chancelière ne semble pas disposer de porte de sortie.

1. Sanction de l'austérité dans les urnes

On a beaucoup insisté sur la « percée » des eurosceptiques lors des dernières élections.
Mais ce vote de protestation ne dit pas tout. Car parfois, les électeurs ont voulu sanctionner la politique d'austérité sans chercher à rompre avec l'Europe. Le critère doit donc être le comportement des partis ayant pratiqué l'austérité et ayant mis en œuvre la logique prônée par l'Allemagne. 
 

Dans ce cas, le bilan est très négatif.


C'est évidemment vrai en Grèce où la coalition d'Antonis Samaras n'a su rassembler que 31 % des voix dimanche.

C'est aussi le cas en Irlande, où les deux partis de gouvernement Fine Gael et Labour subissent un franc désaveu, notamment le deuxième qui aurait perdu les deux tiers de son électorat par rapport à 2011.

Au Portugal, la coalition de droite au pouvoir qui avait été plus loin que les demandes de la troïka n'a obtenu que 28 % contre 50 % lors des législatives de 2011.

A Chypre même, les 46 % obtenus par le président « ami d'Angela Merkel » Nikos Anastasiadès au premier tour de la présidentielle en 2013 se sont mués en 36 % dimanche.

En Espagne, la « victoire » apparente de Mariano Rajoy ne doit pas dissimuler l'effondrement des deux « grands partis » ayant mené des politiques d'austérité et dont l'électorat a été divisé par deux en trois ans !

Aux Pays-Bas, on a beaucoup glosé sur la défaite des eurosceptiques du PVV, mais on a souvent oublié de dire que la coalition au pouvoir, libéraux-travaillistes, qui a mené une politique d'austérité très dure, ne représente plus que 21,3 % de l'électorat…

En Italie, enfin, le triomphe de Matteo Renzi est aussi celui de la sortie du discours austéritaire et de la volonté affichée de mener une politique plus équilibrée.

En réalité, là où l'austérité était au centre du débat, ses défenseurs ont perdu les élections.

C'est une défaite lourde de sens pour Angela Merkel : elle signifie que les électorats ne croient pas au discours des « lendemains qui chantent » véhiculé par cette politique.

Pas davantage qu'au « succès » des « sorties » des plans de sauvetage salué en Irlande et au Portugal à sons de trompettes.

C'est une véritable gifle pour Berlin.

Conséquence de cette déroute, ce mardi soir, Angela Merkel sera sous pression. 
 
Les chefs de gouvernement les plus « dociles » à sa logique vont sans doute se plaindre des effets de leur obéissance. Tous sont affaiblis. Pas seulement François Hollande.

2. Une économie européenne en lambeaux

Dans la logique austéritaire, en effet, les « réformes » sont encore nécessaires.

Il faudrait aller plus vite, plus loin. Les déficits irlandais, espagnol, portugais, grec sont trop élevés.
D'autant que la « montagne » du pacte budgétaire voulue par Angela Merkel se dresse déjà à l'horizon.
Or, l'économie de la zone euro est en danger.
Ces logiques récessives continuent de la tirer vers le bas.
La menace déflationniste se fait de plus en plus concrète : la Belgique, ce mardi, a annoncé son plus faible taux d'inflation depuis 4 ans à +0,36 % en mai.
L'espoir d'une reprise tirée par les exportations semble devenir chimérique.
C'était pourtant la pierre angulaire de la stratégie de Berlin et de Bruxelles.

Jusqu'ici, Angela Merkel a toujours compté sur la BCE : pour sauver l'euro et pour « adoucir » les effets de l'austérité.
C'est encore le cas cette fois, et l'on attend une action de la BCE le 5 juin. 
 
Mais là encore, on arrive au bout de cette logique : dans les milieux proches de la BCE, on avoue que, quoiqu'on fasse, cela ne risque pas d'être suffisant. 
 
La banque centrale ne peut pas tout. 
 
Le danger est même que son action ne crée de dangereuses « bulles. » Ce qu'il faut à l'économie européenne, dans un premier temps, c'est une vraie impulsion du côté de la demande, des investissements massifs pour redonner de l'activité qui manque cruellement partout (sauf en Allemagne).

Mais ces actions supposent soit une « pause » dans l'austérité, soit un « mutualisation » des dettes pour lancer des projets d'envergure en zone euro. Deux éléments que Berlin a toujours refusés, pour le moment. A l'inverse, Angela Merkel avait proposé des contrats de « compétitivité » plus stricts qui plongeraient encore la zone euro dans les affres de la récession.


3. Le cas français

Le cas français est très préoccupant pour Angela Merkel.

La France a envoyé un message clair dimanche : l'austérité ne sera pas acceptée politiquement.
L'évolution de la conjoncture française prouve, par ailleurs, que la stratégie économique demandée à Paris est nocive pour la croissance hexagonale.
Si cette politique se poursuit, compte tenu du chaos politique français, la situation risque de devenir très préoccupante.
Berlin a évidemment une part de responsabilité (une part seulement, bien sûr) dans cette situation puisque ce sont « ses » institutions européennes (two pack, six pack, semestre européen et pacte budgétaire) qui mettent la pression sur Paris.
Surtout, depuis des mois, les médias conservateurs et les élus CDU et CSU tirent à boulets rouges sur la France, rajoutant un sentiment de défiance et une pression supplémentaire sur le gouvernement français.

Pourtant, la stratégie menée avec l'Italie ou l'Espagne en 2011 d'imposer l'austérité malgré tout semble toujours la stratégie officielle, mais elle est inapplicable.
Toute crise économique ou politique de grande ampleur en France serait désastreuse pour Berlin car la France ne peut être « sauvée » comme la Grèce... Mais céder à Paris autrement qu'en donnant quelques miettes (par exemple, un an de plus pour atteindre les 3 % contre des « réformes » accélérées) contraindrait la chancelière à devoir affronter les critiques en Allemagne, mais aussi en Europe.

Les dirigeants européens qui ont mené les politiques d'austérité dans l'esprit souhaité par Berlin ne l'accepteraient guère.
Pourquoi épargner aux Français les « efforts » demandés aux Grecs, aux Espagnols, aux Portugais ?
Pourquoi sanctionner ceux qui ont agi conformément aux règles et récompenser ceux qui les brisent ?
Dans cette économie de l'humiliation et de l'appauvrissement qu'est devenue la zone euro, chacun regarde dans l'écuelle du voisin avec envie et animosité

4. L'incapacité de l'Allemagne à promouvoir une alternative

François Hollande a promis de chercher à « réorienter » l'Europe.

En réalité, moins affaibli politiquement que se qu'ont croit , sa position de victime du FN pourrait pourrait lui être favorable.

Du reste, il a assuré qu'il « tiendrait le cap », autrement dit qu'il poursuivrait la politique d'Angela Merkel.

C'est plutôt du côté de l'Italie qu'il faut chercher un espoir. Renforcé par ses 41 % aux Européennes, le président du conseil italien Matteo Renzi a promis qu'il demanderait lui aussi une « Europe de la croissance » à Angela Merkel.

Matteo Renzi a réconcilié temporairement les Italiens avec l'euro en leur promettant une inflexion dans l'austérité.
Mais il a tiré sur leur confiance une traite en blanc que Berlin va devoir payer.

L'ennui, c'est qu'Angela Merkel est dans l'impasse.

Elle n'a rien à proposer de concret.

Sa seule ligne de conduite, la défense du contribuable allemand, l'empêche de bouger.

L'opinion publique allemande est encore très sensible : relâcher la pression sur les autres pays serait considérer par beaucoup comme une mise en danger du contribuable allemand.

D'autant que le parti eurosceptique AfD a réalisé un très bon score à 7,5 % dimanche, alors même que le parti se cherche idéologiquement et est déchiré en interne.

Une action pro-européenne de la chancelière pourrait lui donner l'unité qu'il cherche et le renforcer.

Au détriment évidemment de la CDU qui, rappelons-le, a réalisé un mauvais score dimanche (six points de moins qu'aux élections fédérales de septembre 2013).

Tout ceci réduit à néant toute marge de manœuvre pour une relance ambitieuse.

Bref, quand bien même elle serait tentée de lâcher du lest, Angela Merkel serait piégée… par sa propre stratégie passée !


En conclusion, il semble qu'Angela Merkel soit dans une impasse.

Sa stratégie d'attente semble épuisée. Elle doit désormais trancher.

Ou sauvegarder ses intérêts intérieurs, en prenant le risque d'une reprise de la crise européenne dont on ne saurait mesurer les effets., pour le contribuable Allemand.

Ou accepter de sacrifier les intérêts immédiats de la politique allemande pour jouer la carte de la solidarité européenne.

Le choix semble facile. Il ne l'est pas pour la chancelière.

D'apres un texte de Romaric Godin

1 commentaire:

  1. Les Marchés ne bougent pas donc c'est que Merkel va devoir payer...pour sauver le monde!!!

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