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jeudi 9 avril 2015

POUVOIR D'ACHAT?


UNE HAUSSE DES SALAIRES 

BIDON






Au cours des dernières années, c’est donc 
bien plus la baisse des prix que les efforts 
en monnaie sonnante et trébuchante des 
patrons qui ont maintenu le pouvoir 
d’achat des salariés.

Du pain bénit pour les chefs d’entreprise, 
qui font de la déflation leur argument 
numéro 1 pour justifier la modération 
salariale.

A commencer par Pierre Gattaz, le patron 
des patrons, qui invitait les partenaires 
sociaux, il y a tout juste un an, à «ne pas 
pousser à la roue».
 
Tout en conseillant à ses ouailles de se  

«caler par rapport à l’inflation, juste un
peu-
au-dessus» pour définir le niveau des 
augmentations salariales.



«Payés en nature». 
 
Message reçu cinq sur cinq par les boîtes françaises, qui s’apprêtent à réduire encore plus la voilure.
En 2015, selon le cabinet Deloitte, les budgets d’augmentations salariales devraient plafonner à 1,85% pour les non-cadres et à 1,90% pour les cadres (contre 2% en moyenne l’an passé).
Même au pire de la crise, ce taux n’avait jamais été aussi bas. «Les remontées de terrain sont assez négatives, Les premières propositions des directions sont proches de zéro et il n’y a presque rien à négocier», avance Guillaume Trichard, secrétaire général de la fédération Unsa-industrie, alors que les négociations annuelles obligatoires (NAO) ont commencé dans plusieurs entreprises.
Même constat de Marie-Alice Medeuf-Andrieu, secrétaire confédérale de FO, pour qui «les discussions n’avancent pas car les employeurs se retranchent derrière la crise». Sauf que le discours patronal autour du marasme économique, longtemps servi aux salariés, ne passe plus sur le terrain.
Et pour cause, la reprise pointe, avec des taux de marges qui se redressent depuis fin 2014 pour les sociétés non financières et des résultats records dans les boîtes du CAC 40 (en progression de 37%). Sans oublier les sommes versées à leurs actionnaires. Soit 56 milliards d’euros de dividendes et de rachats d’actions, selon la lettre spécialisée Vernimmen. Un chiffre en hausse de 30% par rapport à 2013 qui frôle le record d’avant crise (57,1 milliards d’euros en 2007).
«Le gel des salaires peut se justifier quand les résultats financiers sont mauvais. Mais quand les entreprises versent des dividendes, c’est inacceptable», note Guillaume Trichard de l’Unsa.
Voire «au-delà de la morale», quand Sanofi octroie un très lucratif «golden hello», bonus de 4 millions d’euros, à son nouveau patron, Olivier Brandicourt.
«Cette année, il y a eu zéro augmentation collective, tout comme l’an passé, s’agace Thierry Bodin, délégué central CGT chez Sanofi. Pour les ouvriers, seules les primes ont augmenté : 50 centimes par mois.


Quel mépris !»
Une «provocation», pour Marie-Alice Medeuf-Andrieu, de FO, qui constate «un durcissement des négos depuis que le gouvernement n’a pas donné de coup de pouce au Smic».

Soit depuis 2007, malgré un petit geste de François Hollande en 2012.
Pour Jean-Michel Queury, délégué central CGT de Super U région Ouest, «cela tourne au foutage de gueule».
Dans sa société, les salariés des plateformes logistiques se sont vu offrir un bon d’achat mensuel de 15 euros pour toute augmentation.
Un retour au «temps des domestiques payés en nature, souffle l’élu.
Depuis dix ans, les négociations sont au point mort.
Et le pire, c’est que les salariés s’y résignent». Dans les entrepôts de Super U, le piquet de grève, installé quelques heures fin janvier, a été vite levé.
Mais d’autres s’enracinent. Comme celui des routiers, en lutte pour la revalorisation de leurs salaires gelés depuis trois ans alors que plusieurs coefficients de leur grille se situent en dessous du Smic.
Moins attendus sur le terrain de la mobilisation, les banquiers du groupe BPCE (Banque populaire, Caisse d’épargne, Crédit coopératif…) réclament eux aussi des augmentations conformes aux bons chiffres de l’année 2014.
Soit un résultat avant impôt de 5,6 milliards d’euros, en hausse de 9,5%, pour un résultat net de 3,1 milliards d’euros.
«De solides performances», de l’aveu même du groupe qui jure«avoir été au maximum de ce qui pouvait être fait» pour satisfaire les salariés, en proposant un budget d’augmentation «de 0,5% à 0,6% de la masse salariale pour une inflation à 0,1%».
«A la tête du client»
Reste que la modération salariale ne s’applique pas de la même manière pour tous. En 2014, les salaires ont, en moyenne, plus augmenté pour les cadres (1,5%) que pour les professions intermédiaires, les ouvriers (1,4%) et les employés (1,2%).
«Plusieurs facteurs peuvent contraindre les marges de manœuvre des acteurs au moment des négociations salariales.
C’est le cas des directives des groupes, mais aussi des primes et augmentations individuelles, qui échappent au champ de la négociation collective», explique Noélie Delahaie, chercheuse à l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires).
Une option choisie par bon nombre d’entreprises, confirme Guillaume Trichard, de l’Unsa, qui dénonce la multiplication des «primes à la tête du client».
Selon le cabinet Deloitte, plus de la moitié des entreprises pratiquent des augmentations individuelles pour les cadres.
Un constat partagé par le Bilan de la négociation collective de 2013, édité par le ministère du Travail, qui pointe une «individualisation croissante des rémunérations», alors que «bon nombre de revalorisations salariales se déterminent dorénavant par des négociations individuelles».
Deux facteurs qui contribuent à «affaiblir le rôle de la négociation obligatoire» et à favoriser la «montée des inégalités de rémunération dans les entreprises».

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