QUE DIRE DE CETTE MAUVAISE
CONSCIENCE JUIVE
Si
le laïc et agnostique, que je suis, se permet
de vous interpeller
aujourd'hui, c'est que, à
l'instar de toute personne éprise
d'humanisme,
j'estime que la situation est dramatique dans la
Bande
de Gaza ou en zone occupée où le conflit
fait rage depuis 60 ans
Malgré
mon attachement à Israël, depuis que
mes pères Ashkénazes eurent
à subir l'indicible
martyre de l'Holocauste, j'ai de plus en plus de
mal à la porter dans mon cœur.
C'est
donc avec conviction que je prône, pour l’État d'Israël, le
droit de se défendre lorsqu'elle se voit attaquée par des
centaines
de roquettes tirées par les terroristes du Hamas,
lesquels se
cachent derrière leur propre population, comme les
terroristes
sabras l'ont fait contre l'armée anglaise... en 1945 !!!
Les
populations ont été prises lâchement en otage, tel un
bouclier
humain.
A
Israël, lui doit-on un indéfectible soutien ?
Elle
applique la loi du talion à la puissance 10 ?
Est-ce
là une raison pour qu'Israël se comporte à son tour, au vu de
l'extrême violence avec laquelle son armée met à feu et à sang
cette
Bande de Gaza, comme un assassin ?
Détruire
les tunnels bellicistes du Hamas, oui ! Éradiquer de Gaza et
d'Israël tous ces fanatiques qui mettent Israël en péril, oui !
Mais
non, pour autant, tuer des centaines d'innocents ! Quand on en juge
par le nombre de palestiniens morts, presque tous civils, depuis le
début. Sans compter les vexations et humiliations quotidiennes des
palestiniens au point de passage, les crimes perpétués par les
colons des implantions, des massacres perpétrés en toute impunité
!
Israël,
cette nation qui inventa avec l'historique décalogue le concept de «
loi », serait-elle donc aujourd'hui, par on ne sait quel inéquitable
privilège, au-dessus du droit international ?
Rien
ne peut justifier pareil carnage : c'est là, de la part d'Israël,
qui se devrait être un exemple pour l'humanité, inadmissible sur le
plan humain : ce crime, hautement répréhensible au niveau moral,
s'apparente, quelle que soit votre réticence à l'admettre
objectivement, à un « crime de guerre », sinon un « crime contre
l'humanité ».
Je
le clame donc, porté par ma seule conscience, avec une identique
conviction : Israël n'est pas digne, en cette effroyable
circonstance, de son Histoire.
Pis
: elle la dénature, au gré de ses seuls intérêts géostratégiques,
et la trahit !
Davantage,
et sans certes vouloir comparer ici l'incomparable : Israël, État
qui vit le jour au lendemain de ce crime unique dans les annales de
l'(in)humanité que fut la Shoah, n'a-t-elle donc rien appris, ou si
peu, des immortelles leçons de son glorieux quoique douloureux passé
?
La
politique menée par la droite israélienne s'avère aussi
désastreuse, par son radicalisme idéologique et son intransigeance
politique, que celle des extrémistes palestiniens : une impasse ne
conduisant qu'au pire des scénarios catastrophes.
Israël
ne se rend-il donc pas compte qu'en confinant ainsi près de deux
millions d'êtres humains, les Palestiniens, dans une bande longue
d'un peu plus de quarante kilomètres et large de moins de dix
kilomètres, ne fait que répéter ainsi, leur niant le droit
d'exister en tant que peuple libre, ce que les Allemands firent avec
les Juifs, de sinistre mémoire, dans le ghetto de Varsovie ?
J'ai
mal à mon sens de l'humanité lorsque je vois des mères
palestiniennes hurler à la mort sur le cadavre ensanglanté de leur
enfant déchiqueté par un missile israélien. A à ces pères et ces
mères en larmes, toute ma compassion !
Je
suis là, n'en déplaise à ma patrie d'élection qu'est Israël,
tout aussi palestinien que juif : l'inhumaine souffrance n'a pas de
nationalité, de culture ou de religion ; elle est universelle, et,
parfois, je me sens, à entendre ces cris déchirants, couvert de
honte.
Aussi,
une autre interrogation, non moins lancinante, me vient-elle, en ces
jours mortifères, à l'esprit : où êtes vous donc aujourd'hui pour
condamner ces meurtres, vous qui êtes toujours prompts à fustiger
les crimes partout dans le monde, à juste titre certes, mais à la
notoire et irrationnelle exception de ceux perpétrés par Israël ?
Un
injustifiable, par la plus incompréhensible des indignations
sélectives, « deux poids, deux mesures » !
Ainsi
aimerait-on vous entendre dénoncer publiquement, au nom même de ces
principes universels que vous revendiquez, les bombardements
israéliens à l'encontre des civils palestiniens, comme vous vous
insurgiez naguère contre le siège de Sarajevo par les Serbes.
Répondre
à la barbarie par la barbarie n'est guère une solution ; cet
engrenage ne fait qu'attiser la haine et exacerber ce conflit.
Votre
silence, en cette triste circonstance, est aussi assourdissant,
paradoxalement, que celui, tout aussi coupable, des intellectuels
musulmans lorsqu'ils se refusent à condamner ouvertement les crimes
commis par les intégristes islamistes et autres djihadistes.
Un
humaniste digne de ce nom se doit de dénoncer, tel un impératif
catégorique, le crime d'où qu'il vienne, sans se laisser enfermer
en un quelconque esprit partisan, ni manichéisme ou dogmatisme.
Faites
donc preuve ici d'honnêteté intellectuelle, de courage moral, de
noblesse d'âme et de lucidité : élevez-vous au-dessus des partis,
prenez de la hauteur et condamnez le crime, même lorsqu'il provient
de votre famille ; vous en sortirez grandis, et le monde vous en
saura gré !
N'avez-vous
donc rien retenu de la magistrale leçon d'éthique de notre maître
philosophique Emmanuel Levinas, pour qui l'Autre, à travers ce qu'il
nomme métaphoriquement le « visage », constituait l'essence, dans
le don partagé, de l'Humanité ?
Votre
mutisme vous déshonore !
Morale
de l'Histoire ? Telle est cette paix des braves que j'appelle de mes
vœux afin de résoudre cet interminable et terrible conflit
israélo-palestinien.
Sa
fin n'a qu'un seul et pourtant simple préalable, aussi difficile à
entendre soit-il pour certains Juifs : la coexistence, pacifique et
démocratique, des États israéliens et palestiniens, avec une
reconnaissance réciproque de la part de leurs institutions
politiques respectives.
Bref
: Israël doit restituer aux Palestiniens les territoires qu'elle
occupe illégalement depuis trop longtemps et permettre donc que ce
peuple ait enfin légitimement son État, libre, indépendant et
souverain. Tel est le nœud, qui n'est inextricable qu'en apparence,
du problème !
Ce
n'est qu'à ce juste prix qu'Israël, qui devrait faire preuve de
sagesse diplomatique en cette épineuse question, pourra vivre dans
la paix qu'elle mérite, et que le monde entier retrouvera, avec la
progressive disparition de ce conflit, un peu plus de sérénité.
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