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jeudi 6 septembre 2012

LA GUERRE TRAUMATISE



L'imagerie cérébrale de combattants néerlandais de retour d'Afghanistan. révèle des anomalies visibles jusqu'à dix-huit mois après leur retour.

Après la Seconde Guerre mondiale, les scientifiques furent intrigués par les grossières erreurs de pilotages pendant que commettaient d'excellents ex-pilotes de combat … dans l'aviation civile.
Le stress change tout. Plus précisément, on sait aujourd'hui qu'il diminue les performances dans la réalisation de tâches complexes en perturbant le fonctionnement du cortex préfrontal.
Une zone du cerveau qui joue un rôle de chef d'orchestre pour la planification des actions et la prise de décision. Les travaux néerlandais publiés le 3 septembre dans les comptes-rendus de l'Académie des sciences américaines vont plus loin dans l'étude de l'impact du stress sur le cerveau.
Ils démontrent que l'effet de ce stress se prolonge durablement, bien au-delà du moment critique.
«Le cortex préfrontal, la partie la plus évoluée du cerveau, coordonne nos pensées, actions et émotions à travers de nombreuses connexions vers les autres régions du cerveau. Néanmoins, c'est aussi la région cérébrale la plus sensible aux effets délétères de l'exposition au stress», souligne le Pr Amy Arnsten, neurobiologiste à l'université de Yale.
Le Pr Guido van Wingen et ses collègues néerlandais de l'université de Radboud, d'Amsterdam et du Centre de recherche militaire d'Utrecht ont donc fait passer des examens d'imagerie cérébrale sophistiquée à 33 soldats avant qu'ils ne soient déployés en Afghanistan pour une mission de quatre mois, puis à nouveau six semaines après leur retour et enfin un an et demi plus tard. Aucun n'avait été blessé lors de la mission mais tous avaient été soumis au stress prolongé des zones de combat. Les résultats étaient comparés à un groupe de soldats qui n'avaient pas participé aux opérations.

Plasticité cérébrale

Des différences nettes sont apparues au retour de mission, visibles à l'IRM fonctionnel et l'imagerie du tenseur diffusion, une technique qui suit les mouvements des molécules d'eau dans le cerveau et renseigne indirectement sur «l'état des routes» qui le traversent. Outre les modifications transitoires, présentes au retour mais disparues un an et demi plus tard, les chercheurs ont mis en évidence des perturbations durables de la circulation entre deux zones du cerveau, le cortex préfrontal et le mésencéphale, autrement dit le milieu du cerveau.
«Ces résultats suggèrent que le cerveau humain peut largement récupérer des effets délétères du stress, supportant l'idée d'une plasticité cérébrale adaptative au stress prolongé», note van Wingen, «cependant, ils révèlent aussi des changements durables dans le réseau neural mésofrontal qui pourrait accroître la vulnérabilité à de nouveaux stress et conduire à des déficits cognitifs prolongés.» En d'autres termes, un suivi prolongé des soldats s'impose durablement après des missions, même en l'absence de symptômes.
Ces résultats sont-ils extrapolables aux civils soumis à un stress prolongé? C'est probable selon les chercheurs néerlandais, et peut-être même d'une façon plus intense et plus prolongée car les civils ne sont pas, contrairement aux militaires, formés et entraînés à résister au stress prolongé. Or, le stress a beaucoup moins de conséquences lorsque l'on pense maîtriser la situation. Reste, pour les militaires, le défi d'ajuster au mieux la période de récupération nécessaire avant une nouvelle mission.

Les enfants victimes aussi

La guerre produit de multiples traumatismes chez les enfants. Une nouvelle enquête en Israël et dans les Territoires palestiniens indique qu'au-delà des manifestations déjà répertoriées (anxiété, troubles du sommeil, dépression), les enfants soumis aux conflits armés deviennent plus agressifs. Qu'il s'agisse des petits Israéliens ou des jeunes Palestiniens, l'étude publiée au mois d'août dans la revue Child Développement souligne le niveau d'agressivité tout particulier des garçons de 8 à 14 ans.
D'après Damien Mascret

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