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mardi 24 novembre 2015

Face au terrorisme, Par Thomas PIKETTY





C’est une évidence

le terrorisme se nourrit de la

 poudrière inégalitaire

 moyen-orientale,

que nous avons largement 

contribuée à créer.


C’est l’austérité qui a conduit à la 

montée des égoïsmes nationaux et

 des tensions identitaires.

C’est par le développement social et

 équitable que la haine sera vaincue

 làbas et ici.




La réponse au terrorisme doit être en partie sécuritaire.
Il faut frapper Daech, arrêter ceux qui en sont issus. 
 
Mais il faut aussi s’interroger sur les
 conditions politiques de ces violences,
 sur les humiliations  et les injustices qui font 
que ce mouvement bénéficie de soutiens
 importants au Moyen-Orient, 
et suscite aujourd’hui des vocations 
sanguinaires en Europe.

 
A terme, le véritable enjeu est la mise en place
 d’un modèle de développement social et
 équitable, là-bas et ici.


Daech, «  Etat islamique en Irak et au Levant  », est directement issu de la décomposition du régime irakien, et plus généralement de l’effondrement du système de frontières établi dans la région en 1920.



Après l’annexion du Koweït par l’Irak, en 1990-1991, les puissances coalisées avaient envoyé leurs troupes pour restituer le pétrole aux émirs et aux compagnies occidentales.
On inaugura au passage un nouveau cycle de guerres technologiques et asymétriques quelques centaines de morts dans la coalition pour «  libérer  » le Koweït, contre plusieurs dizaines de milliers côté irakien.
Cette lo­gique a été poussée à son paroxysme lors de la seconde guerre d’Irak, entre 2003 et 2011   : environ 500  000 morts irakiens pour plus de 4  000 soldats américains tués, tout cela pour venger les 3  000 morts du 11-Septembre, qui pourtant n’avaient rien à voir avec l’Irak.
Cette réalité, amplifiée par l’asymétrie extrême des pertes humaines et l’absence d’issue politique dans le conflit israélo-palestinien, sert aujourd’hui à justifier toutes les exactions perpétrées par les djihadistes.
Espérons que la France et la Russie, à la manœuvre après le fiasco américain, fassent moins de dégâts et suscitent moins de vocations.



Concentration des ressources
Au-delà des affrontements religieux, il est clair que l’ensemble du système politique et social de la région est surdéterminé et fragilisé par la concentration des ressources pétrolières sur de petits territoires sans population.
Si l’on examine la zone allant de l’Egypte à l’Iran, en passant par la Syrie, l’Irak et la péninsule Arabique, soit environ 300 millions d’habitants, on constate que les monarchies pétrolières regroupent entre 60  % et 70  % du PIB régional, pour à peine 10  % de la population, ce qui en fait la région la plus inégalitaire de la planète.
Encore faut-il préciser qu’une minorité des habitants des pétromonarchies s’approprient une part disproportionnée de cette manne, alors que de larges groupes (femmes et travailleurs immigrés notamment) sont maintenus dans un semi-esclavage.
Et ce sont ces régimes qui sont soutenus militairement et politiquement par les puissances occidentales, trop heureuses de récupérer quelques miettes pour financer leurs clubs de football, ou bien pour leur vendre des armes. Pas étonnant que nos leçons de démocratie et de justice sociale portent peu au sein de la jeunesse moyen-orientale.
Pour gagner en crédibilité, il faudrait démontrer aux populations qu’on se soucie davantage du développement social et de l’intégration politique de la région que de nos intérêts financiers et de nos relations avec les familles régnantes.



1 commentaire:

  1. POURQUOI avez vous oubliez la création d'Israël en 1947 par l'ONU?
    cette création serait aujourd'hui impossible!!!

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