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mercredi 24 octobre 2018


« Progressisme, mais encore ? »

22 octobre 2018 devant près de 1 000 personnes, philosophes,
scientifiques et responsables politiques européens ont tâché de
répondre à une série de questions essentielles pour l’avenir de
notre mouvement et de notre offre politique.

D’où vient le progressisme ?
 Où doit-il aller ?
Quelles sont les
valeurs qui le constituent ?
Avec quelle méthode ?
 Et surtout : pour quoi faire ?

Cette journée-conférence, co-organisée avec la Fondation pour l’innovation politique et la Fondation Jean-Jaurès, avait pour objectif de lancer un grand travail collectif de réflexion autour de l’idée du progressisme.
La promesse était simple : initier ensemble la définition d’un corpus d’idées nouveau.
Il y a en effet urgence. Comme l’a rappelé Helle Thorning-Schmidt, l’ancienne Première ministre du Danemark, dans son discours d’introduction : partout en Europe, les nationalistes et les populistes gagnent du terrain. Il est de notre devoir de proposer une véritable alternative progressiste.
Nous n’avons en effet pas figé notre feuille de route avec nos victoires de 2017.
Ensemble, nous devons continuer de bâtir une nouvelle grille d’analyse et d’idées pour accompagner notre action politique.
Nous avons posé, lors de cette journée d’interventions, les bases de notre réflexion. 5 valeurs qui lient l’individu au collectif ont été retenues.
Ces 5 valeurs, reprises dans les discours des intervenants, donnent un cap à notre action et à notre réflexion, sans les épuiser :
1. La dignité
D’abord la dignité, en s’assurant que personne ne se sente exclu ou déprécié en France. Pour Claire Hédon, présidente de l’ONG ATD Quart Monde, la lutte contre la grande pauvreté est un combat central. « La réalité de la pauvreté, c’est le non-accès aux droits : logement, travail, éducation convenable. La grande pauvreté détruit, humilie les gens, et atteint à leur dignité. » Elle a ajouté avec force : « Il n’y a pas de progrès possible si on laisse des personnes de côté. »
2. L’émancipation
Ensuite, il faut réaliser l’émancipation et permettre à chacun de librement choisir sa vie. Pour Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse, le progrès revient à « donner, dès le plus jeune âge, les atouts qui vont permettre aux enfants de progresser ». Avec une plus grande autonomie et en levant les contraintes, chacun aura les moyens de choisir son destin.
3. L’engagement
L’engagement est aussi une dimension essentielle à la construction d’un progrès partagé : plutôt que se replier sur soi, chacun doit pouvoir s’impliquer dans une cause qui le dépasse. Monique Canto-Sperber, philosophe, a ainsi insisté sur l’engagement politique et citoyen, ce dernier étant le premier facteur de la cohésion du corps politique. Les citoyens engagés se « sentent responsables de la politique telle qu’elle est, et en cas de désaccord, sont prêts à la changer ».
4. L’ouverture
L’ouverture, qui voit les défis d’aujourd’hui et de demain comme des opportunités plutôt que des menaces, doit également tenir une place prépondérante. Pour Dominique Schnapper, sociologue, une société démocratique doit s’ouvrir à l’autre et faire preuve d’ouverture, mais elle doit également veiller à la transmission de ses valeurs fondatrices. Elle nous invite à « critiquer l’ouverture, mais également à l’apprécier, et à la défendre ».
5. La responsabilité
Enfin, la responsabilité accompagne constamment la réflexion progressiste. Elle assure que les actions d’aujourd’hui n'amoindrissent pas les opportunités de demain. Pour Hervé Le Treut, climatologue, cette valeur s’illustre dans le devoir d’alerter et d’agir face au changement climatique. La responsabilité y est l’affaire de tous, des gouvernements aux citoyens. Tenir les objectifs fixés, s’impliquer à son échelle, agir ensemble, et promouvoir la pédagogie font parties des moyens responsables pour contenir voire enrayer le réchauffement de la planète.

Ces réflexions ont été remises en perspective par les deux fondations qui co-organisaient avec nous cette journée. Gilles Finchelstein, Président-Directeur général de la Fondation Jean-Jaurès, résume ainsi l’essentiel du défi progressiste : « passer du pessimisme à l’optimisme, de l’immobilisme au mouvement, et du présentisme à la perspective ». Il faut donc naturellement s’interroger : « le progrès peut-il être prolongé, peut-il être maîtrisé, peut-il être partagé ? ». Pour Dominique Reynié, Directeur général de la Fondation pour l’innovation politique, « on ne peut pas échapper au changement, mais on peut échapper au progrès ». Le progressisme refuse la table rase et permet la protection, la construction et la transmission.
Nous avons aussi posé, lors de cette journée de débats, les bases d’une feuille de route d’action. Quatres pistes permettent d’agir dans le sens du progrès, définissant ainsi une méthode de transformation et de réforme :
1. L’écoute et le dialogue
Pour Nicole Notat, ancienne Secrétaire générale de la CFDT, l’essentiel de la méthode progressiste s’illustre par l’écoute et le dialogue. Tout le monde doit se concerter pour construire un projet politique et être capable de faire les compromis nécessaires à la réussite des réformes.
2. Agir à son échelle
Pour Charlotte de Vilmorin, entrepreneure, il est essentiel d’agir à son échelle. L’implication de chacun compte. Le progressisme ne passe pas uniquement par l’action de l’État, mais aussi par l’action des citoyens, des associations et des mouvements politiques.
3. L’évaluation et l’expérimentation
Cédric Villani, député et mathématicien, a pour sa part relevé l’importance de l’évaluation et de l’expérimentation. Être progressiste, c’est oser généraliser ce qui marche, revoir ce qui ne fonctionne pas et savoir poser des limites quand il le faut.
4. Tenir un discours de vérité
Enfin, Nick Clegg, ancien Vice-Premier ministre du Royaume-Uni, a mis l’accent sur l’impératif de tenir un discours de vérité. À l’époque des raisonnements simplistes des populistes, des raccourcis douteux et des fake news, les progressistes doivent faire front et accepter qu’à défis complexes, il ne peut y avoir de solutions faciles.

Mais encore ? Parce que les pays européens sont soumis aux mêmes contraintes et aux mêmes défis, le progressisme est aussi et avant tout un enjeu européen.
En clôture de cette journée, une table ronde réunissant plusieurs personnalités politiques, parmi lesquelles Nathalie Loiseau (Ministre chargée des Affaires européennes), Guy Verhofstadt (ancien Premier ministre belge et président du groupe ALDE), Christian Kern (ancien Chancelier d’Autriche et président du parti social-démocrate autrichien), Luis Garicano (chargé des questions économiques du parti espagnol Ciudadanos) et Sandro Gozi (membre du Bureau national du Parti démocrate italien) s’est penchée sur la question. Chacun a pu dresser le même constat : comme l’illustre la montée des extrêmes en Europe, le clivage gauche-droite est maintenant dépassé. Les progressistes doivent s’unir pour réveiller l’Europe parce que les pays européens font face aux mêmes défis et aux mêmes menaces.
Cette journée a permis de donner un cap au travail de fond que mène notre mouvement. Dans les mois qui viennent, ce travail sera complété avec les marcheurs et tous ce qui souhaitent s’y associer.
C’est ainsi ce qu’à dit avec force Christophe Castaner, Ministre de l’Intérieur et ancien Délégué Général de notre mouvement, dans son discours de conclusion : « Mesurons la chance exceptionnelle que nous avons : réinventer ensemble une nouvelle manière de penser la politique et d’agir au quotidien ». Cette journée, a-t-il dit en substance, nous engage parce « qu’En Marche porte un projet qui nous dépasse tous : ouvrir le champ des possibles à notre pays ».
À nous de relever le défi et de définir ensemble notre progressisme.
Comme l’a rappelé Philippe Grangeon, Délégué général par intérim, « cette conférence n’est que le début d’un travail de longue haleine qui se prolongera. Nous nous y engageons, dans les prochains mois une publication formalisera cette colonne vertébrale esquissée ici aujourd’hui. ».
Cette publication viendra concrétiser les réflexions que nous avons eu ce samedi, et les retours que plus de 10 000 de nos adhérents nous ont faits dans la consultation sur le progressisme lancée il y a quelques semaines.

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