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vendredi 1 juillet 2016

Out, c’est out.


 

Les Vingt-Sept inflexibles avec Londres


Emmené par la France, le Conseil Européen a confirmé mercredi la ligne dure à l’égard du Royaume-Uni.

Une façon, aussi, d’étouffer les velléités sécessionnistes dans l’Union.

Out, c’est out.


Et le plus vite sera le mieux.
Les vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement réunis à Bruxelles, mardi et mercredi, ont choisi sans barguigner la ligne dure vis-à-vis du Royaume-Uni, celle que prônait la France.
Pas question d’accommodements raisonnables destinés à rendre moins douloureuse sa sortie et, pour l’avenir, pas question non plus de lui tailler un costume sur mesure en lui permettant de choisir les politiques européennes qui l’intéresse.
Bref, les Britanniques et les europhobes de tous les Etats membres vont découvrir grandeur nature ce qu’il en coûte de quitter la maison commune.
L’ambiance de ce sommet était étrange : nul drame, nulle larme. On est loin, très loin, de l’atmosphère dramatique de la crise grecque un Grexit aurait eu des conséquences tragiques pour la Grèce, mais aussi pour ses partenaires qui partagent la même monnaie.
Certes, tout le monde aurait préféré éviter un Brexit, mais personne n’en a fait un drame non plus, tant Londres s’est marginalisé depuis vingt ans.

«Voie raisonnable»

D’ailleurs, l’Union n’a pas perdu de temps pour faire comprendre aux Britanniques qu’ils n’étaient déjà plus qu’à moitié dans le jeu. Ainsi, le Conseil européen s’est réuni mercredi sans David Cameron, le Premier ministre britannique, qui n’a été autorisé qu’à assister à la session de travail de la veille ainsi qu’au dîner. Une première dans l’histoire européenne, alors que le Royaume-Uni n’a même pas encore activé l’article 50 du traité sur l’Union européenne qui lancera le processus de sortie. Mieux : un sommet informel a été convoqué pour le 15 septembre dans la capitale slovaque, Bratislava, afin de réfléchir à l’avenir de l’UE, là aussi sans Londres.
Certes, plusieurs pays d’Europe centrale, mais aussi l’Irlande et le Danemark, ont plaidé au cours du sommet pour que l’Union manifeste un peu de compréhension à l’égard du Royaume-Uni, notamment en lui laissant le temps de déclencher l’article 50 vu le désordre politique qui règne dans ce pays depuis vendredi.
Comme l’explique un diplomate européen, «l’idée est que plus les conséquences désastreuses de la sortie seront visibles, plus il y a de chance que les Britanniques choisissent une voie raisonnable». Ces pays espéraient aussi que cela pourrait peut-être permettre de renégocier avec le Royaume-Uni afin qu’il reste dans l’Union. Mais ils se sont finalement alignés sur la position arrêtée, lundi, à Berlin par Angela Merkel, la chancelière allemande, François Hollande, le président français, et Matteo Renzi, le président du Conseil italien : l’article 50 doit être activé le plus tôt possible et, en attendant, aucune discussion de quelle que nature que ce soit n’aura lieu avec les Britanniques, histoire qu’ils ne cherchent pas à obtenir des assurances sur son futur statut avant de demander formellement le divorce.

Eviter un effet domino

De même, les Vingt-Sept ont tout de suite voulu couper court aux espoirs des «Brexiters», comme le conservateur Boris Johnson qui a affirmé dans le Daily Telegraph que son pays pourrait continuer à avoir accès au Marché unique, mais sans la libre circulation des personnes, thème central du référendum. Les Vingt-Sept ont donc décidé de lier les quatre libertés du Marché unique : ce sera la libre circulation des marchandises, des capitaux, des services et des personnes ou rien. «Les quatre libertés sont indivisibles», a ainsi affirmé Angela Merkel. «Il faut éviter que des pays puissent s’imaginer qu’en sortant ils pourront choisir les politiques qui les intéressent», explique un diplomate français. Mieux : «L’accès au marché intérieur que réclame Boris Johnson, c’est aussi le respect de l’acquis communautaire, la compétence de la Cour de justice européenne pour régler les litiges et une contribution au budget communautaire à peu près équivalente à ce qu’ils payent aujourd’hui.» C’est le statut choisi par la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein qui n’ont, évidemment, aucun droit de se prononcer sur les lois européennes qu’ils doivent simplement appliquer…
A défaut, le Royaume-Uni devra se contenter d’un simple accord de libre-échange comme ceux que l’UE a signés avec Singapour, le Japon ou le Canada, ce qui ne fera pas ses affaires. Cette fermeté va compliquer la tâche des Brexiters qui espéraient que l’Union, par souci de défendre ses intérêts économiques, se montrerait plus compréhensive. C’est loupé. Une fermeté logique : les capitales européennes veulent éviter un effet domino en signifiant aux partis europhobes, qu’ils soient au pouvoir ou non, qu’une sortie sera plus que douloureuse afin de leur couper l’herbe sous le pied. «Leurs mensonges vont apparaître au grand jour», s’amuse un diplomate européen.
Sur l’avenir de l’Union, en revanche, les Vingt-Sept restent prudents : priorité aux réalisations concrètes à très court terme, à la simplification et à la clarification afin de «reconquérir les cœurs des citoyens». Une remise à plat des traités est renvoyée sine die : «On ne va pas modifier les traités, ce n’est pas la priorité», a ainsi répété à plusieurs reprises Angela Merkel.
Les Vingt-Sept veulent éviter d’étaler leur divergence, entre les pays (en particulier d’Europe centrale) qui voudraient réduire aux acquêts l’Union et ceux qui, au sein de la zone euro, veulent achever leur intégration, notamment en la démocratisant. «C’est la dernière des choses à faire aujourd’hui, car ce serait une bataille extrêmement clivante, et les opinions publiques sont épuisées par ces crises», renchérit-on dans l’entourage du président français.
D'apres un texte de QUATERMER

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