Gilets
jaunes
insurrection
des
beaufs
ou
juste colère du
peuple ?
Depuis
le début du mouvement
des
gilets jaunes», les commentateurs
si souvent bardés de certitudes
sont comme une poule qui a trouvé
un couteau (sans que l’auteur de
cette lettre s’exclue du lot).
Deux
tendances se dessinent, à
gros traits.
Pour
les uns, parmi les gouvernants
notamment, et plus généralement
dans
les couches plus prospères ou
diplômées, l’affaire est pliée :
les
gilets jaunes forment une bande de
beaufs pollueurs accros à la
bagnole, qui bloquent les routes
illégalement, qu’on doit traiter
par
un mélange de bonnes paroles et
d’interventions policières.
Pour
les autres, partis d’opposition,
militants du social, ou intellos
radicaux, c’est la juste colère d’un
peuple oublié.
Ceux-ci se divisent ensuite en deux branches : à droite, on dénonce le «racket fiscal» et le mépris de classe affiché par les «bobos bien-pensants» ; à gauche, on rattache le mouvement aux protestations sociales classiques contre l’inégalité et le recul des services publics.
Comme le mouvement est composite, largement spontané, sans expérience de la lutte sociale, qu’il s’exprime de manière disparate et souvent contradictoire, chacun y plaque ses propres convictions, ou ses propres préjugés pour le faire entrer dans le lit de Procuste des schémas préétablis.
A fronts renversés, l’Obs insiste sur la «récupération populiste» du mouvement et le Figaro se montre compréhensif envers des manifestants désargentés qui réclament une hausse du pouvoir d’achat que ses chroniqueurs économiques ne cessent par ailleurs de stigmatiser comme néfastes pour les entreprises et les équilibres financiers du pays.
Va comprendre, Charles…
Il est une autre manière, moins théorique, de prendre la question, qu’on a déjà esquissée dans cette lettre.
En tout état de cause, les gilets jaunes sont le contraire de nantis. Ils sont, par définition, des perdants de l’économie mondialisée et libérale.
Autrement dit, et quelles que soient leurs idées, ils forment sur le plan social le socle traditionnel de toute gauche qui se soucie des classes populaires, qui ne se contente pas de promouvoir le progrès sociétal et de défendre les minorités.
Dès lors faut-il les rejeter, par ignorance ou maladresse, du côté des partis protestataires et extrémistes ?
Ou bien faut-il tenter de les réintégrer dans le jeu de la négociation collective et du débat démocratique ?
Par exemple en proposant une discussion nationale sur le pouvoir d’achat, l’usage de l’automobile et la transition écologique ?
Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, seul comme souvent, a été le premier à le comprendre : il suggère une sorte de nouveau Grenelle qui associerait, d’une manière ou d’une autre, les protestataires. Venus de la gauche, deux éminences macroniennes, Jean-Yves Le Drian et François de Rugy, ont abondé « prudemment « dans son sens.
Ainsi, cahin-caha, l’idée fait son chemin : rallier dans ce mouvement bigarré les éléments prêts à participer à une négociation globale, en leur témoignant non pas une complaisance démagogique mais un respect minimal.
N’est-ce pas aussi ce qu’ils réclament ?
Remettre la «France périphérique» au centre du débat national.
Ce serait sans doute une manière intelligente de faire de la politique.
La vraie.
Et si cela n’était que le bilan de 40 ans d’échecs scolaires et d’une marginalisation volontaire des pouvoirs successifs avec l’assentiment de vos lecteurs pour ces inemployables à vie ?
RépondreSupprimerOn n’a plus besoin d’OS !!!