L'islamopsychose
française
a assez duré
La
France des valeurs républicaines
doit
cesser de baisser les yeux et de
raser les murs.
Elle
doit relever la tête pour
opposer aux « identitaristes»
qui
sont aussi dangereux que le
communautariste,
pour
son idéal d’universalisme de
fraternité.
La
diabolisation des musulmans a
assez duré.
Il
existe en France des sympathisants de branches intégristes et
obscurantistes de l’islam. Mais ils sont quantitativement
marginaux.
Il
existe des musulmans réfractaires envers les lois de la République.
Mais ils sont largement minoritaires.
Il
existe des recrues françaises chez l’organisation Etat islamique
ou chez Al-Qaeda.
Mais
seul un pourcentage infime de nos compatriotes soutient leur
idéologie totalitaire.
Tirer
argument de ces phénomènes pour diaboliser les Français de
confession musulmane est donc objectivement fallacieux.
En
laissant pourtant le débat public être envahi par des
généralisations à l’emporte-pièce sur «l’islam», «les
musulmans», «le communautarisme», notre société en arrive à une
représentation collective de sa minorité musulmane qui est
délirante, c’est-à-dire déconnectée de la réalité : une
islamopsychose.
Or ces derniers adhèrent dans leur écrasante majorité aux valeurs républicaines : plus de 80% sont favorables à l’égalité hommes-femmes et à la laïcité (2).
L’idée qu’ils ne veulent pas s’intégrer est fausse : par exemple, un quart de ceux qui sont d’origine maghrébine sont membres d’une association, signe très fort d’intégration dans la société ; et seulement 2% sont membres d’une association religieuse, ce qui invalide la thèse d’une envie majoritaire d’entre-soi confessionnel .
Asséner que les Français de confession musulmane ne peuvent pas s’intégrer est également un mensonge : environ les trois quarts sont déjà soit assimilés, soit intégrés.
Quant à la phrase «La communauté musulmane doit se désolidariser des attentats», elle constitue une infamie.
Elle signifie en effet que tout musulman est présumé coupable de solidarité avec le terrorisme jusqu’à preuve du contraire.
Au demeurant, après chaque attentat, il y a avalanche de messages de Français de confession musulmane sur les réseaux sociaux pour dire «Pas en mon nom», «Pas mon islam», et ainsi de suite.
Cela n’empêche pourtant pas diverses personnalités publiques, à chaque fois, de regretter d’un ton solennel qu’ils «ne se désolidarisent pas assez».
Lutter contre les organisations terroristes jihadistes est une chose. Laisser notre société verser dans la diabolisation de sa minorité musulmane en est une autre.
Il est grand temps que les politiques publiques traitent le fait que malgré des niveaux de diplôme quasiment identiques, le chômage touche 12% de la population totale mais 30% des Français de confession musulmane .
Il est grand temps que la laïcité, principe de neutralité spirituelle de l’Etat et de son administration, cesse d’être usurpée par la pseudo-laïcité, principe d’hostilité envers le fait religieux musulman dans l’espace public.
Il est grand temps que les personnalités qui pratiquent la reductio ad islamum, en attribuant «l’islam» comme cause à mille problèmes, soient systématiquement interrogées par les journalistes sur leurs preuves concrètes à l’appui de pareilles accusations.
Il est grand temps que les médias de référence répondent systématiquement par le fact-checking aux informations fausses et aux préjugés rances propagés sur la minorité musulmane par divers essayistes et éditorialistes.
Il est grand temps que nos arènes de débat imposent aux tenants de l’islamopsychose des contradicteurs aptes à déconstruire leurs prêches.
Il est grand temps que les islamologues restés dans une approche rigoureusement scientifique du fait religieux musulman surmontent leurs réticences envers l’univers médiatique, pour venir y faire un travail de vulgarisation, de dédiabolisation, sur la réalité de l’islam français et des Français de confession musulmane.
Et il est grand temps que les associations de défense des droits humains entrent en mobilisation générale, dans le débat public comme sur le front judiciaire, contre la diabolisation de la minorité musulmane.
D'apres un texte de T GUENOLE
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