La
Deutsche Bank est au pied du mur.
Personne n’aurait osé
toucher à la Deutsche Bank en Europe.
Arc boutée sur le
gouvernement allemand, la principale et la plus prestigieuse banque
allemande souffrait depuis longtemps d’une insuffisance notoire de
fonds propres.
Aucune autorité européenne
n’a réussi à la forcer à cette cure d’amaigrissement.
Les stress
tests
de l’Autorité Bancaire Européenne, omettaient soigneusement toute
indication de manque de capitaux propres pour la banque allemande.
La Banque se vantait en
juillet 2011 de la confirmation par l'ABE de son ratio de fonds
propres de 5% alors qu'il est effectivement inférieur a 3%.
Il a
fallu que les autorités américaines s’emparent du problème et,
utilisant les critères américains de capitalisation des banques,
sortent un rapport qui met en exergue l’absence de marge de
manœuvre de la Deutsche Bank, et son insuffisance de fonds propres
pour qu’enfin, la banque allemande, annonce qu’elle va, au cours
de l’année qui s’écoule, augmenter ses fonds propres.
Le FDIC a en effet déclaré
que la Deustche Bank était "horriblement sous-capitalisée".
Qui plus est, selon le
Financial Times, elle envisagerait de diminuer son bilan de 20% en
vendant pour 250(1) milliards d’euros d’actifs.
La banque allemande dépend
en effet de ses activités américaines dans une très large mesure
et ne peut se permettre de ne pas respecter les ratios des
États-Unis.
L’annonce, sans surprendre
le monde bancaire, a étonné par sa brutalité et son ampleur.
La banque allemande doit
d’urgence atteindre un niveau de fonds propres que la BNP Paribas a
réussi à atteindre par une réduction importante de son bilan.
Elle dénote aussi une
forme de complaisance des autorités allemandes et européennes face
à une des grandes banques européennes disposant d’un leadership
mondial.
Deutsche Bank est
considérée par les autorités internationales comme une
systemically
important financial institution (SIFI). En
clair, elle est trop importante pour pouvoir tomber en faillite.
Revoir
les structures financières européennes.
Avec 350% du PIB européen
en actifs bancaires en Europe contre 75% aux Etats-Unis, l’Europe
souffre d’une sur-bancarisation structurelle qui mine la finance
européenne.
Pour que la cure
d’amaigrissement de la Deutsche Bank n’ait pas un impact négatif
sur l’ensemble de l’Europe, il va falloir trouver acquéreur.
250 milliards de dollars ne
se trouvent pas sous le sabot d’un cheval par les temps qui courent
en Europe.
L’appétit mondial pour
des actifs européens n’est pas excessif.
Qui souscrira à ses huit
milliards d’euros obligations convertibles qui seront en
première ligne en cas de crise ?
Il est indispensable que le
financement des entreprises s’obtienne principalement via les
marchés de capitaux pour les États et les grandes entreprises.
Ceci implique aussi que les
Gouvernements trouvent d’autres poches de capitaux que les bilans
des banques qu’ils ont plombées.
Cela ne les a pas empêchés,
ensuite, en parfaite hypocrisie, de leur reprocher d’avoir investi
massivement en emprunts d’Etat.
La santé de tout système
bancaire passe par cette discipline.
L’action de la Deutsche
Bank est une admission implicite d’une complaisance dans sa gestion
d’actifs.
C’est particulièrement
vrai dans ses activités obligataires et en produits dérivés sur
lesquelles aucune transparence n’existe.
C’est aussi une
reconnaissance que, dans la mondialisation de la banque, même les
plus prestigieux doivent mettre leur maison en ordre.
A l’Europe maintenant de
forcer un dégorgement du système bancaire européen.
La BCE aura-t-elle le
courage ou l’autorité, lorsque son analyse des banques européennes
sera finie, de forcer cette évolution indispensable au financement
de la croissance économique dont l’Europe a tant besoin.
C’est
à la fois urgent, compliqué et indispensable.