Le
scrutin européen
et
la situation économique
de
EU
sanctionnent
l'échec
de la politique
d'austerité
de Merkel
La poussée du FN en
France interpelle
Angela Merkel
Merkel impose Juncker
comme candidat du PPE
aux
Européennes
La croissance allemande
atteint
son plus haut niveau depuis
3
ans au premier trimestre
Croissance : les
illusions perdues
de la zone euro
Ceux
qui pensent qu'Angela Merkel a « gagné » les élections
européennes
pourraient se tromper
lourdement.
Bien
sûr, les apparences sont en faveur de cette analyse.
Sa
coalition a été confirmée en Allemagne par le scrutin et son
candidat Jean-Claude Juncker, imposé par Berlin au reste du PPE en
mars dernier, a conservé une avance confortable sur les
Sociaux-démocrates.
Au
parlement européen, la politique européenne actuelle dispose
toujours d'une majorité assurée. Surtout, au Conseil, Angela Merkel
est plus que jamais dominante après l'affaiblissement de François
Hollande.
Autrement
dit, en théorie, tout pourrait continuer comme avant.
C'est,
du reste, la ligne défendue lundi par la CDU, le parti de la
chancelière, qui a demandé à la France « d'accélérer les
réformes. »
Pourtant,
le bilan de la stratégie européenne d'Angela Merkel apparaît,
lorsqu'on y regarde de près, désastreux.
Et
le plus inquiétant, c'est que la chancelière ne semble pas disposer
de porte de sortie.
1.
Sanction de l'austérité dans les urnes
On
a beaucoup insisté sur la « percée » des eurosceptiques lors des
dernières élections.
Mais
ce vote de protestation ne dit pas tout. Car parfois, les électeurs
ont voulu sanctionner la politique d'austérité sans chercher à
rompre avec l'Europe. Le critère doit donc être le comportement des
partis ayant pratiqué l'austérité et ayant mis en œuvre la
logique prônée par l'Allemagne.
Dans
ce cas, le bilan est très négatif.
C'est
évidemment vrai en Grèce où la coalition d'Antonis Samaras n'a su
rassembler que 31 % des voix dimanche.
C'est
aussi le cas en Irlande, où les deux partis de gouvernement Fine
Gael et Labour subissent un franc désaveu, notamment le deuxième
qui aurait perdu les deux tiers de son électorat par rapport à
2011.
Au
Portugal, la coalition de droite au pouvoir qui avait été plus loin
que les demandes de la troïka n'a obtenu que 28 % contre 50 % lors
des législatives de 2011.
A
Chypre même, les 46 % obtenus par le président « ami d'Angela
Merkel » Nikos Anastasiadès au premier tour de la présidentielle
en 2013 se sont mués en 36 % dimanche.
En
Espagne, la « victoire » apparente de Mariano Rajoy ne doit pas
dissimuler l'effondrement des deux « grands partis » ayant mené
des politiques d'austérité et dont l'électorat a été divisé par
deux en trois ans !
Aux
Pays-Bas, on a beaucoup glosé sur la défaite des eurosceptiques du
PVV, mais on a souvent oublié de dire que la coalition au pouvoir,
libéraux-travaillistes, qui a mené une politique d'austérité très
dure, ne représente plus que 21,3 % de l'électorat…
En
Italie, enfin, le triomphe de Matteo Renzi est aussi celui de la
sortie du discours austéritaire et de la volonté affichée de mener
une politique plus équilibrée.
En
réalité, là où l'austérité était au centre du débat, ses
défenseurs ont perdu les élections.
C'est
une défaite lourde de sens pour Angela Merkel : elle signifie que
les électorats ne croient pas au discours des « lendemains qui
chantent » véhiculé par cette politique.
Pas
davantage qu'au « succès » des « sorties » des plans de
sauvetage salué en Irlande et au Portugal à sons de trompettes.
C'est
une véritable gifle pour Berlin.
Conséquence
de cette déroute, ce mardi soir, Angela Merkel sera sous pression.
Les
chefs de gouvernement les plus « dociles » à sa logique vont sans
doute se plaindre des effets de leur obéissance. Tous sont
affaiblis. Pas seulement François Hollande.
2.
Une économie européenne en lambeaux
Dans
la logique austéritaire, en effet, les « réformes » sont encore
nécessaires.
Il
faudrait aller plus vite, plus loin. Les déficits irlandais,
espagnol, portugais, grec sont trop élevés.
D'autant
que la « montagne » du pacte budgétaire voulue par Angela Merkel
se dresse déjà à l'horizon.
Or,
l'économie de la zone euro est en danger.
Ces
logiques récessives continuent de la tirer vers le bas.
La
menace déflationniste se fait de plus en plus concrète : la
Belgique, ce mardi, a annoncé son plus faible taux d'inflation
depuis 4 ans à +0,36 % en mai.
L'espoir
d'une reprise tirée par les exportations semble devenir chimérique.
C'était
pourtant la pierre angulaire de la stratégie de Berlin et de
Bruxelles.
Jusqu'ici,
Angela Merkel a toujours compté sur la BCE : pour sauver l'euro et
pour « adoucir » les effets de l'austérité.
C'est
encore le cas cette fois, et l'on attend une action de la BCE le 5
juin.
Mais
là encore, on arrive au bout de cette logique : dans les milieux
proches de la BCE, on avoue que, quoiqu'on fasse, cela ne risque pas
d'être suffisant.
La
banque centrale ne peut pas tout.
Le
danger est même que son action ne crée de dangereuses « bulles. »
Ce qu'il faut à l'économie européenne, dans un premier temps,
c'est une vraie impulsion du côté de la demande, des
investissements massifs pour redonner de l'activité qui manque
cruellement partout (sauf en Allemagne).
Mais
ces actions supposent soit une « pause » dans l'austérité, soit
un « mutualisation » des dettes pour lancer des projets d'envergure
en zone euro. Deux éléments que Berlin a toujours refusés, pour le
moment. A l'inverse, Angela Merkel avait proposé des contrats de «
compétitivité » plus stricts qui plongeraient encore la zone euro
dans les affres de la récession.
3.
Le cas français
Le
cas français est très préoccupant pour Angela Merkel.
La
France a envoyé un message clair dimanche : l'austérité ne sera
pas acceptée politiquement.
L'évolution
de la conjoncture française prouve, par ailleurs, que la stratégie
économique demandée à Paris est nocive pour la croissance
hexagonale.
Si
cette politique se poursuit, compte tenu du chaos politique français,
la situation risque de devenir très préoccupante.
Berlin
a évidemment une part de responsabilité (une part seulement, bien
sûr) dans cette situation puisque ce sont « ses » institutions
européennes (two pack, six pack, semestre européen et pacte
budgétaire) qui mettent la pression sur Paris.
Surtout,
depuis des mois, les médias conservateurs et les élus CDU et CSU
tirent à boulets rouges sur la France, rajoutant un sentiment de
défiance et une pression supplémentaire sur le gouvernement
français.
Pourtant,
la stratégie menée avec l'Italie ou l'Espagne en 2011 d'imposer
l'austérité malgré tout semble toujours la stratégie officielle,
mais elle est inapplicable.
Toute
crise économique ou politique de grande ampleur en France serait
désastreuse pour Berlin car la France ne peut être « sauvée »
comme la Grèce... Mais céder à Paris autrement qu'en donnant
quelques miettes (par exemple, un an de plus pour atteindre les 3 %
contre des « réformes » accélérées) contraindrait la
chancelière à devoir affronter les critiques en Allemagne, mais
aussi en Europe.
Les
dirigeants européens qui ont mené les politiques d'austérité dans
l'esprit souhaité par Berlin ne l'accepteraient guère.
Pourquoi
épargner aux Français les « efforts » demandés aux Grecs, aux
Espagnols, aux Portugais ?
Pourquoi
sanctionner ceux qui ont agi conformément aux règles et récompenser
ceux qui les brisent ?
Dans
cette économie de l'humiliation et de l'appauvrissement qu'est
devenue la zone euro, chacun regarde dans l'écuelle du voisin avec
envie et animosité
4. L'incapacité de
l'Allemagne à promouvoir une alternative
François
Hollande a promis de chercher à « réorienter » l'Europe.
En
réalité, moins affaibli politiquement que se qu'ont croit , sa
position de victime du FN pourrait pourrait lui être favorable.
Du
reste, il a assuré qu'il « tiendrait le cap », autrement dit qu'il
poursuivrait la politique d'Angela Merkel.
C'est
plutôt du côté de l'Italie qu'il faut chercher un espoir. Renforcé
par ses 41 % aux Européennes, le président du conseil italien
Matteo Renzi a promis qu'il demanderait lui aussi une « Europe de la
croissance » à Angela Merkel.
Matteo
Renzi a réconcilié temporairement les Italiens avec l'euro en leur
promettant une inflexion dans l'austérité.
Mais
il a tiré sur leur confiance une traite en blanc que Berlin va
devoir payer.
L'ennui,
c'est qu'Angela Merkel est dans l'impasse.
Elle
n'a rien à proposer de concret.
Sa
seule ligne de conduite, la défense du contribuable allemand,
l'empêche de bouger.
L'opinion
publique allemande est encore très sensible : relâcher la pression
sur les autres pays serait considérer par beaucoup comme une mise en
danger du contribuable allemand.
D'autant
que le parti eurosceptique AfD a réalisé un très bon score à 7,5
% dimanche, alors même que le parti se cherche idéologiquement et
est déchiré en interne.
Une
action pro-européenne de la chancelière pourrait lui donner l'unité
qu'il cherche et le renforcer.
Au
détriment évidemment de la CDU qui, rappelons-le, a réalisé un
mauvais score dimanche (six points de moins qu'aux élections
fédérales de septembre 2013).
Tout
ceci réduit à néant toute marge de manœuvre pour une relance
ambitieuse.
Bref,
quand bien même elle serait tentée de lâcher du lest, Angela
Merkel serait piégée… par sa propre stratégie passée !
En
conclusion, il semble qu'Angela Merkel soit dans une impasse.
Sa
stratégie d'attente semble épuisée. Elle doit désormais trancher.
Ou
sauvegarder ses intérêts intérieurs, en prenant le risque d'une
reprise de la crise européenne dont on ne saurait mesurer les
effets., pour le contribuable Allemand.
Ou
accepter de sacrifier les intérêts immédiats de la politique
allemande pour jouer la carte de la solidarité européenne.
Le
choix semble facile. Il ne l'est pas pour la chancelière.
D'apres
un texte de Romaric Godin
Les Marchés ne bougent pas donc c'est que Merkel va devoir payer...pour sauver le monde!!!
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